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Je me manque

 
 
Depuis mon retour d'escapade à Bilbao, je m'ennuie. Je bulle, je fume trop de cigarettes, je me recouche car bien entendu je me couche trop tard et en plus je culpabilise.
Pourtant je suis en vacances. Pourtant j'ai le droit de ne rien faire et de m'ennuyer. Il fait beau dehors et je reste pourtant dans mon nid. J'entends la petite voix qui me dit :
 

- " Mais bon sang, tu ne fais pas ce qu'il faut ! Tu devrais avoir honte petite feignasse ! "

 

- " Enfin, je me lève quand-même à 6h30 chaque matin pour amener ma grande fille au train, je fais beaucoup d'allers-retours en voiture, je fais mes courses et à manger, et même je vais me rendre au R.V avec mon psychiatre cet aprèm, hein ! Alors bon, je ne suis pas si nulle ! Et pis d'abord, t'es qui toi pour me juger ?!".

 

 

Bilbao, c'était vraiment génial. Quatre jours avec mon amoureux, fluides, heureux, enrichissants, nourrissants ! Quatre jours fatigants, avec beaucoup de douleurs dans tout le corps dues aux piétinements et à la marche, quelques montées de larmes incontrôlables pour une ou deux remarques même pas méchantes. Tu sais, ces montées qui te submergent et que tu ne parviens même pas à comprendre, ces larmes qui te signifient juste que dans les mots que tu viens d'entendre, une petite sonnette a retenti en toi et a déclenché une vague de tristesse, de colère, de peur. Cette soudaine vague d'émotions qui t'empêche de rationaliser, d'analyser, d'expliquer le pourquoi du comment à l'autre qui ne sait comment réagir. Car les mots de l'autre ne sont pas les tiens. Ils ont un sens que tu ne captes pas de la même oreille. Les mots de l'autre réveillent parfois chez toi tes maux enfouis, mais au moment où il te parle, tu n'en as pas encore conscience.

 
Depuis mon retour donc, je me repose. Je me repose de moi-même. De mes pensées automatiques et de la dévalorisation qu'elles ont engendrée. Et si je m'ennuie, c'est que j'ai le manque de ces phases montantes qui me permettaient de me délivrer de ces pensées et me rendaient plus fortes ! J'ai le manque de celle qui faisait exploser la maison, celle qui en réponse à sa souffrance entrait pleinement dans la lumière aveuglante du soleil pour dire :
 
- " Eh, oh ! Regarde-moi bien, rien ne m'altère, plus je souffrirai plus je brillerai, plus tes mots me feront mal, à tort ou à raison, plus je te montrerai qui je suis, plus tu me verras libre et puissante. Tu te prendras mon bonheur en pleine face. "
 

 

Sauf qu'aujourd'hui, c'est différent.

Je suis "stable". Merde !

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Commentaires: 2
  • #1

    Anne (jeudi, 15 février 2018 19:00)

    J'aime vous lire

  • #2

    Bipaulette (jeudi, 15 février 2018 21:01)

    Merci Anne, c'est encourageant et cela me touche.