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Du doute au désespoir

Bien-sûr, il y a toujours pire. Nous pouvons bénéficier d'un traitement et d'une reconnaissance de la maladie, et c'est une grande avancée.

Pour autant, au même titre qu'une personne souffrant de dépression ou de toute autre maladie qui la suivra toute sa vie, nous avons parfois des périodes de doutes, de résignation, de colère, de tristesse, de craintes... nous conduisant au désespoir. Car l'espoir est comme une vague, il va et vient au fil de nos variations d'humeur.

 

La plupart des personnes souffrant de bipolarité pense pouvoir s'en sortir seule, ou sans traitement, précisément lorsqu'elles sont en phase maniaque en possession de leurs pleins pouvoirs. C'est souvent à ce moment là que le patient annule ses R.V chez le psychiatre et arrête son traitement, car il se sent parfaitement bien et ne se rend pas compte que son état est excessif et passager. Il attendra la phase dépressive pour appeler à l'aide.

 

C'est ainsi que durant de longues années, j'ai alterné dépressions et manies de haut vol, pris des antidépresseurs par intermittence et vu des psychologues à certaines périodes puis plus rien durant 15 ans. Je n'étais pas diagnostiquée malgré mes hospitalisations et j'ai décidé un jour que je ne voulais plus aucun antidépresseur ni suivi psychologique. En proie à mes variations d'humeur, j'ai tenu ainsi et je me demande comment j'ai fait pour être encore là aujourd'hui.

 

Le désespoir me rattrapait toujours et débarque encore quelques fois à présent que je suis sous traitement à vie. Je n'ai pas de jambe en moins, je n'ai pas l'air d'une folle, mon mal ne se voit pas forcément et je me remets parfois à croire que je pourrais me soigner voire guérir autrement. J'ai rejeté le diagnostic, j'ai refusé les traitements, j'ai lutté seule, me suis pris les revers de la maladie, j'ai tenu tête au psychiatre dans mes phases maniaques avec des arguments démesurés. Il m'a fallu beaucoup de temps, de doutes, de joie et de tristesse pour accepter enfin de ne pas avoir le contrôle total sur cette pathologie.

 

Si les traitements nous aident à nous stabiliser, trouver le bon prend du temps et les effets secondaires nous font peur. De nombreux sites ou articles antipsychiatrie dénoncent les lobby pharmaceutiques et la manipulation qui s'exercerait sur la population pour vendre leurs pilules. Alors bien-sûr, j'ai également traversé cette phase de doute qui a accéléré l'arrêt de mon traitement. Beaucoup de proches tiennent ce même discours, ignorant réellement la dimension du trouble bipolaire. Me fallait-il choisir mon camp ?

 

C'est au prix des dégâts occasionnés par la maladie que j'ai fini par faire confiance à mon psychiatre, au fil des années rythmées par mes R.V avec lui. Et parce qu'il propose des thérapies comportementales et cognitives, j'ai compris que je pouvais combiner traitement et thérapies sans pour autant devenir antipsychiatrie et adepte des thérapies New Age. Pourquoi tout opposer ? 

 

Le doute est un poison disait l'un, le doute est créateur disait l'autre. Vous avez 4 heures pour disserter sur ce sujet !

 

 

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Commentaires: 3
  • #1

    théa (lundi, 04 février 2019 17:01)

    bonjour,
    j ai été diagnostiqué bipolaire il y a peu j étais anéantie après des années de phase maniaque 'phase dans laquelle je suis pour l instant depuis novembre) ensuite c est la chute libre et dépréssion suit j ai aussi envie d arr^ter mes traitements puisque je suis bien de trop même je n arr^te pas de bouger, nettoyer même ce qui est propre mais je dois me ménager car je suis aussi atteinte de fibromyalgie et au bout d une journée je suis morte de douleurs encore plus sévère que la normal voilà en résumé mon histoire et mon état !!!

  • #2

    bipaulette (mardi, 05 février 2019 00:12)

    je ne peux que vous comprendre Théa. Il faut du temps pour comprendre, accepter et apprendre à prendre soin de soi et trouver le bon traitement. Êtes-vous bien suivie ? C'est très important. N'hésitez pas si vous avez besoin de communiquer, vous n'êtes pas seule.

  • #3

    bipaulette (mardi, 05 février 2019 00:50)

    bipoborder@outlook.fr