· 

Mes symptômes résiduels

 

Avant le diagnostic, j'ai pu constater que plus les années passaient, plus j'avais de troubles cognitifsparticulièrement à la suite d'événements traumatiques ( deuils, ruptures ) qui occasionnaient systématiquement une grave dépression. Après la mort de mon petit ami, puis celle de mon père, je me suis retrouvée en décrochage scolaire. L'anxiété s'emparait de moi et je faisais souvent demi-tour sur le trajet du lycée. En cours, je ne comprenais plus grand chose et j'éprouvais une grande difficulté de mémorisation. J'ai dû faire beaucoup d'efforts pour passer mon BAC que j'ai eu de justesse.

Lors de mes études supérieures, tandis que j'avais retrouvé mes capacités cognitives au prix de nombreux efforts, la mort de ma mère vint une nouvelle fois me faucher, cette fois de manière encore plus forte. En cours, c'est comme si l'on me parlait en chinois. Ma capacité de concentration et mon anxiété dans les relations sociales m'ont poussé à étudier par correspondance, afin que je puisse travailler à mon rythme. C'est ainsi que j'ai pu obtenir ma Licence, sans mention, il ne faut pas trop en demander !

La paralysie que je subissais ne m'a pas permis de poursuivre mes études au-delà. Une lourde dépression, en alternance avec des phases maniaques m'ont conduit à une deuxième hospitalisation. Je n'étais plus en mesure de recevoir le savoir.

 

C'est après quelques temps, que suite à une rupture provoquée comme toujours par mes soins, j'ai rencontré le père de mon enfant, manipulateur narcissique et que malgré cela, j'ai entamé une formation en danse. Il est très intéressant de noter que le fait de passer par mon corps a été salvateur. La danse me permettait d'exprimer mes émotions en les transformant, d'entretenir ma mémoire et mes capacités langagières, de prendre confiance en moi et de rehausser l'estime de moi-même. Pour autant, cette pratique a été loin de tout régler, mais je suis certaine que sans elle, j'aurais fini dans la rue. 

 

De nouveau, suite à une grave dépression et un coma, j'ai refait face à mes troubles cognitifs : je ne me rappelais plus les événements qui dataient de moins de 8 ans, c'était comme si l'on parlait d'une autre que moi. J'avais également des troubles de mémoire à court terme et une grande difficulté à écouter, ce qui me posait problème en tant qu'enseignante. J'ai dû ruser comme on dit, non seulement pour que l'on ne s'en rende pas compte, mais afin de pouvoir poursuivre mes activités. J'ai mis au point quelques stratégies et je me sentais en permanence sur un fil.

 

Malgré tout cela, j'ai élevé mon enfant, non sans mal mais avec un grand sens de la responsabilité, ce qui là encore a dû m'empêcher de sombrer totalement.

 

Chaque événement et chaque traitement ont occasionné des troubles importants, des symptômes résiduels : troubles de la concentration, de mémoire, verbal. Parfois, je ne parvenais pas à répondre aux questions de mon enfant, c'était comme si j'avais tout oublié, je restais dans le vide. 

 

Aujourd'hui, je constate mes troubles quotidiennement et cela m'inquiète considérablement. Je dis parfois que je serai une bonne victime d'Alzheimer...

Je n'hésite plus à demander que l'on m'explique et me réexplique, même si je sais que mes questions sont dignes d'un enfant. Je dis un mot pour un autre, je fais des fautes en langue étrangère de niveau lycée tandis que j'ai une Licence et j'oublie beaucoup de choses. Je me retrouve parfois devant ma trousse à maquillage sans être capable d'identifier ce qui s'y trouve. Je vois l'objet, mais pendant quelques secondes, je ne sais plus son nom et son utilité.

 

Lors d'une phase maniaque, je retrouve mes capacités et mes compétences de manière fulgurante, mais au prix d'une rechute partielle ou brutale.

 

L'aspect positif !

 

Je parviens de plus en plus à improviser. Je n'arrive plus à préparer et à retenir suffisamment, donc je me fais confiance, particulièrement au niveau créatif : j'écris de manière fulgurante, j'organise mes pensées à travers l'écriture, je suis sortie du jugement qui me freinait ce qui me permet de danser librement et de créer au plus près de mon intime personnalité. Je développe de nouvelles ressources pédagogiques qui apparaissent spontanément. Mon extrême empathie me sert utilement, je suis en mesure d'écouter l'autre et de l'aider à identifier et à comprendre ce qui ne va pas, de lui proposer les outils concrets que j'ai moi-même expérimentés, tout cela sans prétention ni en me prenant pour une thérapeute. Je fais des choses pour lesquelles je me sens utile et qui me nourrissent intellectuellement et humainement, à défaut de me nourrir financièrement...

 

Je suis le plus souvent dans le moment présent, car le passé me submerge de tristesse et l'avenir m'est incertain et porteur d'anxiété.

 

Bref, j'avance comme je peux.

Nota Bene : en 2020, ces troubles résiduels ont diminué sans- doute sous l'effet de mon traitement qui me stabilise.

Écrire commentaire

Commentaires: 0