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Ai-je envie d'aller bien ?

Ah, en voilà une question qu'elle est bonne !

 

Lors de mes pérégrinations sur le net, je suis tombée sur le documentaire de " Développement personnel " : La puissance de l'intention.

6 intervenants (coachs) interrogés sur leur pratique pour aider les personnes en souffrance morale, à aller mieux. Je dis bien "morale" car je pense précisément que les discours véhiculés dans ce documentaire ne peuvent servir les personnes en grande souffrance psychique.

 

Le 1er pose cette interrogation, qui a été le point de départ de toute sa remise en question tandis qu'il traversait une dépression. Un ami lui ayant demandé s'il avait envie d'aller bien.

 

Bien entendu, ce documentaire sert de promotion pour ces coachs, dont les discours sont pour certains convaincants mais dont les arguments reposent essentiellement sur ce postulat : notre intention est le point de départ vers le chemin de la "guérison ".

 

Voici quelques phrases que j'ai retenues et qui ont fait naître en moi quelques réflexions sur le sujet :

 

 

  1.  " Ai-je envie d'aller bien ? "
  2.  " Je suis victime de mon mental "
  3.  " J'arrête de demander au monde de combler mon vide "
  4.  " C'est moi qui crée l'emprisonnement donc c'est moi qui crée la liberté "
  5.  " J'utilise ma puissance avec mes idées d'impuissance ".

 

Je les reprends point par point :

 

  1. Voici en effet une question qu'il serait bon de nous poser lorsque nous allons mal. Elle nous met d'emblée, sans préliminaires, face à notre mécanisme, nos freins, notre emprisonnement. Pourquoi formuler une telle question dont la réponse nous semble évidente ? Si elle l'était, elle générerait en effet un point de départ positif pour nous libérer de nos souffrances. Pourtant, il n'est pas du tout facile de formuler : " Oui, je veux aller bien. " En quoi cette intention peut s'avérer si difficile à poser ? Que peut-elle bien bouleverser ?

Si je vais mal, pour quelque raison que ce soit, c'est que le mécanisme sur lequel je me suis construit me fait réagir d'une façon particulière. Oui, nous nous construisons dès l'enfance, en fonction de notre éducation, de notre psycho généalogie, des événements de notre vie et de la façon dont ils ont été gérés par notre environnement proche, mais également en fonction de notre part génétique. Tous ces facteurs vont construire notre personnalité. Ainsi, mon mécanisme peut être celui de l'abandon, de la sujétion, de l'injustice, de la culpabilité, du manque de reconnaissance et d'estime de soi, d'incompréhension, de rejet, du manque de limites. 

Lire à ce sujet, l'excellent ouvrage Comment ne pas se gâcher la vie de Stéphanie Hahusseau - Ed. Odile Jacob.

 

Par conséquent, répondre à cette question nous met face au mécanisme dont nous dépendons  et qu'il faut donc faire varier. Encore faut-il en avoir conscience et posséder les outils qui nous permettent de changer ce schéma afin de nous libérer de son emprise et de toutes ses conséquences négatives.

 

Comment pourrais-je donc répondre " Oui je veux aller bien " avec facilité, si je suis dépendant des troubles occasionnés qui ont construit le pilier sur lequel je m'appuie depuis tant d'années ?...

 

       

         2. Je peux donc considérer que " je suis victime de mon mental "

 

Exemples : 

 

Si mon schéma repose sur celui de l'abandon, chaque moment de rupture va engendrer la pensée automatique : " je ne compte pour personne ". 

 

S'il repose sur l'injustice, je pense automatiquement  que "l'on me fait tout le temps du mal ".

 

La culpabilité me fera sans cesse penser que " j'ai toujours mauvaise conscience ".

 

ETC...

 

Puis-je de ce fait aller bien ainsi conditionné par mon mental ? Nous voyons ici très clairement que notre mental ne dépend pas totalement de nous.

 

 

           3. Mon vide intérieur, c'est-à-dire mes carences, affectives, de justice, d'estime de soi, de compréhension etc... personne ne peut le combler à ma place. Je dois donc devenir acteur du processus qui me permettra non pas de remplir ce vide mais de comprendre son origine.

La plupart du temps, nous cherchons à le combler par des ingrédients extérieurs : dans le couple, j'attends de l'autre qu'il comble mes manques ( ainsi donc je ne l'aime pas pour ce qu'il est car je transfère sur lui mes propres attentes ). Dans mes relations sociales, je ne supporterai aucun désaccord ou aucune décision extérieure que je considérerai alors comme injustes envers moi.  Dans mes choix et mes actes, je ne serai jamais satisfait puisque je porterai toujours une culpabilité...

 

Je chercherai par conséquent à ce que les autres répondent à ces attentes démesurées ou je me remplirai de tout ce qui générera du plaisir : je me remplirai de gourmandises, de nourriture, je m'achèterai une très belle voiture, je me focaliserai sur ma réussite professionnelle,  je ferai tout pour être populaire et avoir du succès, je ferai culpabiliser les autres, je les rejetterai, j'abandonnerai mes partenaires...

Autant de comportements qui me procureront du plaisir rapide. 

 

Pour autant, je n'irai pas mieux car mon bon vieux schéma me rattrapera tôt ou tard, lors de certains événements qu'il me sera bien difficile à gérer. Je serai prisonnier de mon propre vide car je répéterai mon mécanisme.

 

       

                4. Non, ce n'est pas moi qui crée mon propre emprisonnement ! Non, il ne m'est pas possible de créer ma liberté tout seul !

 

Nous sommes victimes de nos schémas, et non, victime n'est pas un vilain mot. Je n'ai pas choisi de l'être. J'entends trop souvent dire que se considérer comme victime est une façon de se complaire dans notre état de souffrance et de refuser d'avancer, de changer, de guérir. Ne nous étonnons pas que la plupart des personnes abusées sexuellement n'ose porter plainte ! Ne nous étonnons pas que celles qui souffrent au travail ne parviennent pas à en parler et fasse un burn out, ne nous étonnons pas que les personnes abandonnées se replient sur elles-mêmes et se suicident, ne nous étonnons pas que les personnes en souffrance n'osent demander de l'aide et sombrent dans la dépression ! 

 

Comment ne pas culpabiliser en entendant cela ? Pour dépasser le statut de victime, il faut, comme je le dis précédemment, avoir conscience des schémas sur lesquels je me suis construit et de leurs conséquences sur mes comportements et mes souffrances. Il ne s'agit pas de ne plus être victime mais de sortir de cette paralysie qui efface nos capacités endormies ou refoulées. Et ce n'est pas rien ! Là, est le vrai travail sur soi, et pour amorcer ce travail, nous avons besoin d'aide. Les coachs en question dans ce documentaire proposent des outils, mais il s'agit plus de leur part de discours, comme s'il nous suffisait d'entendre pour comprendre. Non, cela ne suffit pas. Il faut que les outils proposés soient concrets, réalisables, adaptés. Il ne me suffira pas de payer 1000€ un  séminaire avec tel ou tel coach pour aller mieux. Ce bien-être sera de courte durée car je n'aurai pas d'outils réels ni de suivi ( ou je devrai payer bien cher ce suivi ) pour que cette expérience personnelle s'inscrive en moi dans la durée. 

 

 

                 5. Mon objectif est-il de devenir puissant pour aller bien ?

 

Si je me sens impuissant face à telle ou telle situation, dois-je tenter de devenir puissant ?  Le terme ne me semble pas approprié. Je préfère parler d'incapacités et de capacités. Car il ne s'agit pas d'avoir du pouvoir mais de devenir capable, de développer des capacités nouvelles en partant de nos incapacités. " Qui veut peut " !  Voici encore une phrase culpabilisante. Vouloir et pouvoir comme s'il suffisait de vouloir aller bien pour aller bien.  Tiens, ça me rappelle mon frangin qui, chaque fois que suis au fond du trou, sans plus aucune force, vient me balancer : " fais du sport ! Bouge-toi ! ". Non, parfois la souffrance est telle que nous ne sommes même plus en mesure de vouloir et encore moins de pouvoir.

Dans son cas, faire du sport est devenu la manière de combler son vide que rien d'ailleurs ne semble combler, ni le sport, ni le succès...

 

 

CONCLUSION

 

Travailler sur soi ne se fait pas tout seul. C'est une prise de conscience. C'est une expérience. C'est se servir des outils qui nous sont proposés dans chaque situation de la vie qui se présente. C'est s'exercer avec joie.

 

Et je reprends ici l'idée du philosophe Alexandre Jollien pour qui "la vie doit être un combat joyeux" ( Le métier d'homme - Ed. Seuil ).

 

Pour y parvenir, se dire " je veux aller bien " ne suffit pas. Les personnes en grande souffrance ont souvent besoin d'aide pour parvenir à formuler cette intention. Ce n'est pas la puissance de l'intention qui nous soigne mais ce préliminaire qui consiste à nous donner la capacité à la formuler et à nous placer ainsi sur le chemin du travail sur soi. A ce sujet, je ne peux que vous mettre en garde contre tous ces pseudos thérapeutes auto proclamés !

 

 

 

      * La puissance de l'intention https://youtu.be/70Xg0cclf5Q

 

 

 

 

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Commentaires: 4
  • #1

    Franckyboy (dimanche, 12 novembre 2017 15:27)

    je vais mieux now...;)

  • #2

    Bipaulette (dimanche, 12 novembre 2017 16:42)

    Ouf !

  • #3

    Cmoi (jeudi, 26 mars 2020 07:20)

    C'est vrai, prendre conscience de la nécessité du changement et aller dans cette direction c'est difficile vraiment.Il y a aussi l'acceptation et le moment d'entre deux, entre le nous qui va mal et le nous qui va mieux. Cette zone sombre ou ne savons plus qui nous sommes, comment réagir, comment penser, qui serons nous après.
    Que restera-t-il ?

  • #4

    Bipaulettd (jeudi, 26 mars 2020 09:40)

    Merci pour votre témoignage. Oui, tant de questions, qui trouveront des réponses au fur et à mesure que nous avancerons.